Après une décennie à parler de «communautés
virtuelle» et de «communauté en ligne», la référence au
médium réseautique a été retirée pour affirmer que ces communautés formées à
travers des réseaux informatiques sont des communautés à part entière.
Pourtant, l’interconnectivité entre les
personnes grâce aux médias sociaux tend plutôt à raffermir le statut
d’individu, atome social en interaction avec tous à la fois.
Mais puisque le terme «communauté» est magnifiée dans le contexte
des réseaux sociaux, il n’est pas superflu de se pencher sur sa signification.
Le concept de «communauté» est une notion centrale
pour comprendre la formation des liens sociaux qui unissent les individus. Une
communauté est un ensemble de personnes qui ont en commun des objectifs, des
relations sociales, un sentiment d’appartenance au groupe et qui tend à
s’organiser pour assurer son maintien dans le temps.
Pour sa part, Guy Rocher définit une communauté comme
suit : «La communauté est
formée de personnes qu'unissent des liens naturels ou spontanés, ainsi que des
objectifs communs qui transcendent les intérêts particuliers de chaque
individu. Un sentiment d'appartenance à la même collectivité domine la pensée
et les actions des personnes, assurant la coopération de chaque membre et
l'unité ou l'union du groupe.». (Rocher, 1968, p.174.)
On constate dans cette description cinq éléments essentiels
à l’existence d’une communauté : des objectifs communs, un sentiment
d'appartenance au groupe et des relations de coopération entre les membres. Et
tous ces aspects concourent au maintien de l'unité du groupe dans le temps, car
toute communauté vise une certaine subsistance, ne serait-ce que pour un temps
prédéterminé.
Historiquement, la territorialité a exercé un rôle important
dans la formation des communautés. On distingue généralement les communautés en
trois types. D’abord, il y a la communauté de sang établie au sein du clan ou de la famille. Ensuite,
il y a la communauté de lieu qui
se forme dans un contexte de voisinage. Vient ensuite la communauté
de l’esprit basée sur l’amitié et les
affinités.
Avec l’arrivée d’Internet, la territorialité qui s’imposait
aux relations n’est plus un obstacle à la formation de liens avec d’autres
individus.
Dans ce contexte, les aspects qui caractérisent toute communauté demeurent mais, les
affinités entre les personnes priment alors sur la proximité géographique.
N’empêche, il ne faut pas oublier que les personnes qui nous ressemblent le
plus sont généralement celles qui partagent la même culture, et donc celles qui
habitent la même région.
La formation d’une communauté dépend d’une opportunité d’établir des liens
et de la capacité de ses membres à s’organiser. Ces mécanismes de régulation du groupe sont essentiels car ils
permettent la formation de l'identité sociale du groupe et déterminent sa
capacité à se maintenir dans le temps,
Dans le contexte des communautés à travers les médias sociaux, on comprend
que le rôle du gestionnaire de communauté peut être crucial pour créer
l’opportunité de formation du lien, pour former les règles de conduite du
groupe et pour jouer ce rôle de rassembleur qui favorise le sentiment
d’appartenance au groupe. En agissant sur tous ces fronts, il contribue significativement à augmenter la
capacité d’une communauté à se maintenir dans le temps.
Références
Castells, Manuel. La galaxie Internet (Trad. de l'anglais par Paul
Chemla). Paris: Fayard, 2001, 366 p.
Crozier, Michel et Friedberg, Erhard. L'acteur et le système. Paris: Seuil, Points,
Politique, 1977, 500 p.
Harvey, Pierre-Léonard. Cyberespace et communautique: appropriation,
réseaux, groupes virtuels. Sainte-Foy: Presses de l'Université Laval, 1995, 239 p.
Rheingold,
Howard. Les communautés virtuelles (Trad. de l'anglais par Lionel Lumbroso). Paris: Addison-Wesley France,
coll. Mutations technologiques, 1995, 311 p.
Rocher, Guy. Introduction à la sociologie générale,
Montréal: Hurtbise HMH, 1968, p. 174.